Kolwezi : Les motards mobilisés contre la mesure du maire

Contestation  de l'interdiction de circuler sur les principales artères de la ville, décidée par le maire. Cette mesure, censée fluidifier le trafic et accroître la sécurité routière, pénalise gravement les conducteurs de taxis-motos, pour qui cette activité représente une source de revenus essentielle

Les motocyclistes de Kolwezi sont montés au créneau ce jeudi 22 août 2024 pour contester l'interdiction de circuler sur les principales artères de la ville, décidée par le maire. Une décision qui vise à fluidifier le trafic et à accroître la sécurité routière, mais qui pénalise gravement les conducteurs de taxis-motos, pour qui cette activité représente une source de revenus essentielle.

Une décision contestée mais respectée pour l'instant

Depuis la mise en vigueur de cette mesure, les motocyclistes semblent majoritairement la respecter. Les grandes artères de la ville sont désormais libres de circulation, permettant une meilleure fluidité du trafic automobile. Cependant, quelques cas de violation de l'interdiction ont été constatés.

Une applicabilité qui pose problème


Si  l'objectif de la décision est compréhensible, son application soulève des interrogations. Certains agents chargés de la faire respecter adopteraient des méthodes jugées trop expéditives, au risque même de provoquer des accidents. Une meilleure coordination et davantage de dialogue avec les parties prenantes auraient probablement permis d'éviter cette situation de confrontation entre l'État et ses administrés.

La population subie les effets de l’arrêté.

Les usages de ces moyens de transport subissent les effets de l'arrêté. Plus aucune moto, plus aucun tricycle ne circule sur les grandes artères comme la route nationale numéro 39, la route Kazembe, l'avenue Laurent Désiré Kabila ou l'avenue Lusanga, et ce depuis près de 3 semaines. Cette situation crée des difficultés de déplacement pour les habitants des nouveaux quartiers de la ville de Kolwezi, qui n'ont pas encore accès à un système de transport en commun régulier. C'est le cas par exemple du quartier de Lupundu, où les habitants se déplaçaient principalement en tricycle pour rejoindre le centre-ville. Ils sont désormais contraints d'emprunter des circuits plus longs, ouvrant la voie à une augmentation du prix des courses pratiqués par les quelques transporteurs encore autorisés à circuler. Une situation qui pèse sur le budget des ménages dans un contexte économique déjà difficile.

La réaction des autorités locales face aux difficultés de transport causées par l'interdiction de circuler pour les motos et tricycles à Kolwezi

Face à ces problèmes de déplacement rencontrés par les habitants des nouveaux quartiers, les autorités locales semblent pour l'instant peu réactives. Aucune mesure complémentaire n'a été annoncée pour pallier les conséquences de cette interdiction, alors que des solutions auraient pu être envisagées en amont. La mise en place de nouvelles lignes de transport en commun, le réaménagement de routes de contournement ou encore la création de nouveaux points d'arrêt de bus auraient permis d'améliorer la mobilité dans la ville. De même, une concertation avec les opérateurs économiques du secteur des hydrocarbures aurait pu permettre de prévenir d'éventuelles pénuries de carburant qui aggraveraient encore la situation. À l'heure actuelle, les habitants des zones les plus reculées de Kolwezi subissent de plein fouet les effets de cette décision, sans que les pouvoirs publics n'apportent de réponse concrète à leurs difficultés.


Patrick St James Sangwa 

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